Une enquête réalisée avec des traceurs gps montre que beaucoup d’appareils électriques usagés atterrissent dans un réseau parallèle

26/09/2017

Le législateur impose aux fabricants d'appareils électriques et électroniques de collecter les produits usagés, de les traiter et de les recycler correctement.
Dès lors, les fabricants ont fondé Recupel, un organisme de gestion qui, depuis, prend en charge une grande partie de la collecte à travers le pays. Mais que deviennent ces appareils usagés qui ont été collectés et traités en dehors des réseaux Recupel? Il ressort d’une étude - pour laquelle 90 appareils électriques usagés avaient été équipés d’un système de traceur GPS - que 9 frigos/surgélateurs sur 10 avaient été envoyés chez un opérateur ne possédant pas de licence. L’économie circulaire, dont nous parlons tant, semble ici être encore loin de la réalité. Non seulement les matières premières précieuses sont perdues pour le recyclage mais, en plus, des substances nocives se retrouvent dans l’environnement.

La Belgique fait partie du top mondial en matière de collecte, de traitement et de recyclage des appareils électr(on)iques usagés. Ce qui est plutôt est une bonne nouvelle. Selon une étude réalisée à la demande de Recupel pour la Fédération de l’Électricité et de l’Électronique (FEE), 1 appareil usagé sur 2 termine son cycle de vie auprès d’un opérateur ou d’un collecteur non habilité à faire ce travail et apparemment avec un traitement qui, en outre, n’est pas conforme. Et ceci particulièrement lorsqu’il s’agit de réfrigérateurs, lesquels nécessitent un traitement adapté. Ils contiennent des substances nocives et requièrent un procédé spécifique. Au lieu de rapporter de l’argent comme à un simple ferrailleur, le traitement correct d’un frigo coûte de l’argent au collecteur.

En avril dernier, 90 appareils usagés – lave-vaisselle, plaques de cuisson, séchoirs à linge, machines à laver, frigos et autres surgélateurs – ont été équipés d’un traceur GPS. Ces appareils ont ensuite été déposés auprès de divers collecteurs, ferrailleurs, centres de réutilisation et opérateurs.
On retrouve sur la liste tant des collecteurs et opérateurs collaborant avec Recupel, que d’autres. Le traceur GPS a permis de suivre précisément le trajet et la destination finale des appareils après leur passage dans les différents canaux.

L’itinéraire de 67 appareils usagés sur les 90 a pu être tracé depuis le départ jusqu’à l’arrivée. 1 appareil sur 2 semble ne pas être arrivé au bon endroit.

  • 6 appareils sont arrivés auprès de collecteurs qui n’avaient pas la bonne habilitation voire pas d’autorisation du tout pour effectuer ce travail
  • 10 appareils ont été traités par des collecteurs autorisés à stocker et trier des appareils électriques et électroniques mais pas habilités au traitement
  • 11 frigos ont été traités par des opérateurs autorisés mais sans avoir la licence pour le traitement des frigos/surgélateurs.
  • 1 appareil a été exporté illégalement aux Pays-Bas
  • 1 centre de réutilisation n’a pas respecté l’accord avec Recupel et a livré un appareil usagé à un ferrailleur
  • 4 appareils sont arrivés auprès de ferrailleurs dont l’adresse était inconnue et qui n’étaient pas reconnus par les autorités ou par Recupel

Le point positif: 7 opérateurs ont refusé de prendre les appareils déposés.

Les appareils usagés qui disparaissent dans les réseaux non autorisés ne subissent probablement pas, dans leur grande majorité, le traitement responsable imposé par le législateur. Ce qui est très regrettable car de cette manière, très peu de matières premières précieuses peuvent être recyclées, et ces dernières sont dès lors perdues. Les appareils qui ont été recyclés de manière responsable ne sont plus considérés comme des déchets mais bien comme de la matière première. Bien pire encore, c’est en raison du traitement préjudiciable que de grandes quantités de substances nocives sont libérées dans l’atmosphère. Les gaz CFC contenus dans les frigos et surgélateurs sont des gaz à effet de serre qui s’avèrent beaucoup plus néfastes que le CO2 et ont un impact dévastateur sur notre climat. Ces appareils ne renferment pas uniquement des gaz puisqu’on y retrouve également des condensateurs, des interrupteurs à mercure, de l’huile pour compresseur, de la mousse isolante, de l’ammoniaque et du chrome, jusqu’à la poussière ultrafine comprise dans les panneaux d’isolation… Quand ces pièces ou substances ne sont pas traitées de manière adéquate, elles constituent une menace pour notre santé. Un appareil qui est éliminé via un canal reconnu est correctement traité et recyclé ‘dans les règles de l’art’.

Recupel et la FEE demandent à ce que les normes européennes soient appliquées pour tout le monde.

Il existe des normes européennes pour le traitement des appareils. Aujourd'hui, Recupel lles applique volontairement. Contrairement à la plupart de nos pays voisins, les régions de notre pays ont décidé de ne pas imposer ces normes aux autres opérateurs qui ne coopèrent pas avec Recupel, avec comme conséquence que ceux-ci ne tiennent pas compte des normes. Recupel et la FEE demandent que les normes européennes deviennent obligatoires pour tous les recycleurs d’appareils électr(on)iques (DEEE), comme c'est le cas dans la plupart de nos pays voisins. La Belgique doit redevenir un leader sur ce marché.

De plus, la traçabilité des appareils doit être améliorée. Tous les acteurs qui collectent et traitent les DEEE doivent pouvoir faire un rapport sur leur activités. Recupel a mis à la disposition des autorités un système qui devrait désormais être utilisé par l’ensemble du secteur. Si le gouvernement souhaite œuvrer en faveur de l’économie circulaire, il doit s’assurer que tous les appareils en Belgique soient collectés et traités pour être correctement recyclés. Recupel peut et doit être contrôlé de manière stricte par les autorités mais il est inacceptable que d’autres règles, lois et contrôles s’appliquent aux autres opérateurs.

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